Jean François Murjas, Président honoraire émérite du Comité des orgues Notre Dame de Valence et fondateur de l’ensemble musical Scherzo , raconte sous forme d’interview comment lui-même et le comité des orgues -Scherzo ont vécu le confinement et nous informe sur les projets qui sont en préparation.


R./. Pour un musicien, et pour l’homme que je suis, c’était une véritable période très difficile à vivre sur le plan émotionnel et sur le plan personnel. C’est pour cette raison que cela m’a permis de me rapprocher de mes enfants, mes petits-enfants, mes amis via Facebook, Facetime ou Whats’app car on ne pouvait plus se retrouver ensemble à la maison pour les fêtes. Mais il nous fallait être solidaires et surtout bien garder les contacts avec les siens, leur demander des nouvelles, les aider aussi à supporter ce confinement moralement, les accompagner dans leur déprimes pour certains en leur donnant l’espoir qu’un jour tout cela sera un mauvais souvenir et comme le disait le poète Hölderlin : « Là où croit le péril, croit aussi ce qui sauve » et cette crise nous fait comprendre à quel point, nous sommes tous dans le même bateau sur cette Terre, sans différence de classes, de religions, de politiques politiciennes.

 

R./. Etant cardiaque, je ne suis plus sorti de chez moi depuis le 11 mars mais j’ai de la chance d’être en campagne avec un jardin et cela m’a encouragé à vivre ces moments avec le moral et différemment des personnes confinées en appartements et pour lesquels j’avais une pensée particulière. Mais je ne pouvais et je ne peux faire l’impasse comme tout le monde sur l’apostolat, l’altruisme, et le charisme du monde médical en son entier qui chaque seconde, chaque minute, chaque heure sont à la tâche pour sauver des vies.

Cette période est pour moi le moment de se remettre en question et de s’interroger sur sa vie et son avenir. J’apprends aussi à gérer mes angoisses et relativise sur ce qui peut me paraître important et ainsi je gère mon stress, en me disant que la vie est bien courte et que nous ne sommes que de passage sur cette terre. Vivre des évènements aussi terribles après les guerres (que je n’ai pas connues) est une bonne leçon d’humilité tout en gardant beaucoup d’espoirs sur un avenir proche et riche d’enseignements sur notre actualité précédente parfois banale et sans aucunes comparaisons avec ce temps présent.

On doit continuer à vivre.

 

R./. Ce confinement comme son déconfinement sont pour moi une chance : une chance de ralentir, de me reposer, de jardiner (jamais les jardins n’auront été aussi bien entretenus avec un temps favorable !), de lire, de composer aussi, de dessiner, d’écrire des poèmes, de m’occuper du comité des orgues et de mon ensemble musical Scherzo en travaillant sur le site internet https://www.comitedesorguesndscherzo.com/ , en préparant de nouveaux projets, en gérant les aléas des annulations ou reports de concerts. « Prendre son

temps », voilà quelque chose que je ne connaissais plus. Je profite ainsi de ce temps libre pour me poser et élaborer tranquillement plein d’activités pour l’avenir.

Mais il est vrai que quand le temps devient long, la musique est une bonne amie. Alors que les mesures de confinement et le dé confinement se réalisent en France et dans le monde entier, des musiciens en profitent pour répéter, s’améliorer et se produire. La Philharmonie de Paris diffuse gratuitement, chaque jour à 20H30, un concert issu de ses archives, sur le site live.philharmoniedeparis.fr ou en téléchargeant l’application Philharmonie Live.

Les amoureux du répertoire symphonique peuvent aussi se tourner vers la plateforme de la Philharmonie de Berlin Côté art lyrique, l’Opéra de Paris, le Metropolitan Opera de New et l’opéra de Lyon ou bien d’autres qui donnent également accès à leurs productions filmées, le temps du confinement et du côté des musiciens, les initiatives individuelles ont fleuries : côté classique, les internautes ont pu apprécier les petits concerts sur Facebook et Instagram des frères Capuçon, des violoncellistes Yo Yo Ma, Marc Coppey et Edgar Moreau, de la violoniste Anne-Sofie Mutter ou du flûtiste Alexis Kossenko, et également des musiques d’orgue ne serait-ce avec Frédéric Munoz qui a composé sur le Coronavirus ou les petits chanteurs de Grenoble et à la Croix de Bois.

 

R./. Oui j’ai de la chance d’avoir un orgue à la maison. Certes cet instrument ne ressemble en rien à ceux dont je suis titulaire. Il s’agit d’un instrument numérique trois claviers avec 52 jeux. C’est un bon instrument d’étude chez soi quand on n’a pas la place d’installer un orgue à tuyaux. Je peux donc répéter nos concerts prochains, étudier du répertoire nouveau., improviser selon mes humeurs (tristes ou joyeuses). Je m’astreins entre 3 et 4 heures d’orgue par jour. La culture continue bien différemment pour créer et avoir du temps pour le faire.

Mais j’ai été très heureux de retrouver le grand orgue du sanctuaire d’Allex et de le faire sonner. Pour celui de Notre-Dame, je n’ai pas encore souhaité me rendre à Valence.

 

R./. Bien entendu, tous les orgues doivent être entretenus très régulièrement. Généralement il existe un contrat d’entretien de l’instrument entre le propriétaire (état, communes, églises ou temples) et le facteur d’orgues. Chaque visite d’instrument comprend l’accord de tous les jeux d’anches et doit prévoir un temps suffisant pour la reprise de l’accord de tuyaux à bouche dont la liste aura été établie par les organistes sur le cahier d’entretien consacré à cet effet. Il est vrai que cette période encore hivernale est favorable à l’instrument qui subit les conditions climatiques (température, humidité, sécheresse), le type de chauffage et ses conditions d’utilisation, la pollution, la poussière. Comme les bâtiments sont fermés et qu’ils ne sont pas chauffés, les orgues sont protégés. Il n’est pas nécessaire de jouer régulièrement pour leur bon fonctionnement mais il ne faudrait pas non plus que cela dure des mois. En plus tous les organistes sont orphelins et attendent avec impatience de retrouver leur instrument pour les faire sonner.

 

R./. Il y avait un risque d’effet en cascade. L’annulation des concerts s’est multipliée entrainant des reports, par exemple à la saison prochaine, mais dans bien des cas, il y a tout simplement des suppressions pures et simples de certains concerts extérieurs, ce qui amènera un manque à gagner colossal pour les intervenants. Pour nous, nous conserverons nos concerts « Voyage à l’Opéra » et nos concerts croisières à Viviers dès que l’actualité nous le permettra. J’avais d’ailleurs déjà bien anticipé dès début février en procédant déjà à l’annulation de la Missa Redemptoris, reportée en, mars 2021. Le public est informé régulièrement par notre site internet.

 

R./. En ce qui concerne nos répétitions, elles sont suspendues jusqu’à nouvel ordre surtout avec notre partenaire l’Ensemble Musaval et le chœur éphémère pour notre programmation sur l’opéra que nous pensons reprendre en Septembre si tout va bien. Par contre je vais reprendre les répétitions individuelles avec mes solistes et nous envisageons et préparons un concert pour la fête de la Musique, ce 21 juin au Sanctuaire d’Allex avec orgue, trompette et voix afin de reprendre petit à petit nos concerts.

Nous maintenons nos concerts sur le « Voyage à l’Opéra » à partir de Novembre prochain.

Pour nos concerts des croisières de Viviers, tout est suspendu jusqu’en septembre prochain d’autant plus que la cathédrale est fermée jusqu’à la réalisation des travaux suite au séisme dernier.

 

Nous maintenons le contact entre nous, avec le public via notre site qui est actualisée et qui permet aux uns et aux autres de réécouter des extraits de concerts et de suivre nos informations sur le comité des orgue.

Enfin je souligne l’intérêt du Grand Classique d’apporter à son public des informations de ses adhérents à ses lecteurs et à ses internautes.

JFM

N’oubliez pas de visiter le site du comité des orgues Notre Dame – Scherzo : https://www.comitedesorguesndscherzo.com

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